Christopher Dummitt : « Sans-abri » et non « sans-abri » : les défenseurs des droits des victimes créent un nouveau langage

De nouveaux termes visent à masquer les maux de la société, à déstigmatiser les comportements nuisibles et à injecter des politiques identitaires là où il n’y en avait pas auparavant.

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Depuis plusieurs années, des militants et des « défenseurs » autoproclamés tentent de changer la façon dont nous parlons de problèmes sociaux comme l’itinérance, la toxicomanie, la criminalité et les comportements asociaux.

L’intention est claire : éliminer la stigmatisation et toute allusion explicite à une responsabilité personnelle. Les nouveaux noms visent à réorienter notre réflexion afin que nous comprenions que les véritables causes du malheur sont sociétales ou systémiques. Si un mot a des connotations honteuses, cela semble suffisant pour justifier un changement. L’objectif ici est de s’abstenir de décrire toute personne pouvant être identifiée de manière plausible comme une victime comme ayant une quelconque responsabilité personnelle dans son propre sort.

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En tête de liste se trouvent les sans-abri. Ils sont plutôt « sans abri » ou « sans abri ». Ils ont un logement, disent les défenseurs, dans les communautés où ils vivent. Mais le marché immobilier les a laissés tomber. Ou, comme le disent certains, ce sont des gens qui « vivent » la situation d’itinérant. La voix passive élimine commodément toute la question de ce qu’une personne a pu faire pour se retrouver dans cette situation. Ce qu’on appelle l’itinérance est un phénomène qui se produit tout simplement. Peu importe que le terme « sans-abri » lui-même ait été conçu pour effacer la honte de termes qui étaient pourtant bien destinés à la provoquer, comme des mots comme « clochard » ou « clochard ».

Il y a aussi le cas des toxicomanes. Là aussi, nous sommes censés changer notre discours pour parler de ceux qui ont des problèmes de « consommation de substances ». Et lorsqu’ils se trouvent au bord de la mort à cause d’une overdose, les défenseurs veulent maintenant que nous appelions ces événements des « empoisonnements accidentels ». Le toxicomane de votre centre-ville qui a besoin d’être réanimé par un kit NARCAN ? Il n’a pas un comportement dangereux et illégal. Il est plutôt comme quelqu’un qui a eu la malchance d’attraper la salmonelle à cause d’une dinde mal cuite. Nous sommes censés penser qu’acheter du crack mélangé au fentanyl revient presque au même que de se faire piéger par des germes de soja avariés chez No Frills.

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Dans une culture victimaire, comment faire la différence ? Le simple fait de souligner que la consommation de drogue peut être une activité différente de la consommation de légumes est une mauvaise habitude.

En agissant ainsi, nous contribuons peut-être à la marginalisation, un terme de plus en plus populaire. Nous parlons ici de ceux qui vivent dans les quartiers pauvres et en proie à la criminalité dans les villes et dans le système judiciaire. Et là aussi, on nous demande de présenter le problème comme si quelque chose était toujours fait aux gens, tout en ignorant ce que ces individus ont pu faire pour se marginaliser. Les gens sont marginalisés par les autres et par la société. Ils souffrent de marginalisation. C’est quelque chose qui arrive à quelqu’un.

L’exemple le plus ridicule est l’expression « racialisé », comme si la couleur de peau ou l’origine ethnique d’une personne n’était pas une partie normale de l’identité. La race, bien sûr, n’est pas un problème social, mais certains défenseurs insistent pour lui donner le suffixe « -isé » pour désigner la victimisation. L’ironie de cette expression est qu’elle est surtout défendue par ceux qui sont les plus enclins à « racialiser » – ces militants, les plus enthousiastes en matière de racialisation, insistent sur le fait que nous ne pouvons pas avoir de politiques d’embauche neutres en termes de race ou de non-discrimination, mais invoquer continuellement et sans fin la race comme une catégorie.

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Tout cela n’est pas qu’un jeu de mots. C’est une façon de simplifier à outrance des problèmes complexes. Il s’agit de dé-stigmatiser des comportements que la société pourrait bien vouloir continuer à stigmatiser. La stigmatisation et la honte sont, après tout, l’un des principaux moyens par lesquels les groupes sociaux expriment leur désapprobation.

Les problèmes de pauvreté, de criminalité, de toxicomanie et de sans-abrisme sont complexes et multidimensionnels. Ils sont causés par une multitude de facteurs complexes, certains sociaux, d’autres personnels. Identifier les causes précises et les remèdes dans chaque cas exige une réflexion approfondie.

Pourtant, les changements de vocabulaire proposés par une équipe d’activistes sont tout sauf rationnels. Les nouvelles expressions éliminent d’emblée certaines explications, insistant sur un diagnostic sans stigmatisation dans lequel les victimes sont innocentes, et où le fait de se sentir bien dans sa peau importe plus que de diagnostiquer avec précision les causes des problèmes d’une personne et les maux de la société.

National Post

Christopher Dummitt est historien de la culture et de la politique canadiennes à l’Université Trent.

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