Le Bangladesh est confronté à une coupure totale d’Internet alors que le gouvernement tente de réprimer les manifestations étudiantes qui ont fait au moins 32 morts, a indiqué l’AFP. Les troubles sont liés au système de quotas en vigueur dans le pays, qui impose de réserver un tiers des emplois publics aux proches des anciens combattants qui ont combattu pour l’indépendance du Bangladesh face au Pakistan en 1971.
Jeudi, plusieurs milliers de manifestants à Dhaka, capitale du Bangladesh, ont brisé des vitres et des meubles de la chaîne de télévision publique BTV et incendié des bureaux, piégeant « de nombreuses » personnes à l’intérieur, selon un message publié sur la page Facebook officielle de BTV. 17 personnes sont mortes jeudi lors d’affrontements avec la police, Al JazeeraPour contrôler la situation, les autorités bangladaises ont coupé l’accès à Internet et au téléphone dans tout le pays, une pratique courante en Asie du Sud pour empêcher la propagation de rumeurs et de fausses informations et exercer un contrôle de l’État. NetBlocks, un observateur mondial d’Internet qui travaille sur les droits numériques, a analysé les données du réseau en direct qui ont montré que le Bangladesh était au milieu d’une « coupure nationale quasi totale d’Internet ».
⚠️ Confirmé : les données du réseau en direct montrent #Bangladesh est désormais au milieu d’une coupure nationale quasi totale d’Internet ; la nouvelle mesure fait suite aux efforts antérieurs visant à limiter les médias sociaux et à restreindre les services de données mobiles, et intervient au milieu de rapports faisant état d’une augmentation des décès lors des manifestations étudiantes 📉 pic.twitter.com/nMwwS0MDnC
— NetBlocks (@netblocks) 18 juillet 2024
Les coupures d’Internet sont une façon de réprimer les conflits dans les pays du monde entier. Selon l’organisme de surveillance d’Internet Access Now, le nombre de coupures dans le monde chaque année. En 2023, 39 pays ont collectivement coupé l’accès à Internet plus de 160 fois pour diverses raisons, notamment des manifestations, des examens et des élections.
Le Bangladesh a régulièrement coupé Internet pour réprimer l’opposition politique et les militants. Fin 2023, l’outil de recherche CIVICUS Monitor, qui fournit des données sur l’état de la société civile et des libertés dans près de 200 pays, a classé l’espace civique du Bangladesh comme « fermé », sa note la plus basse possible, après que le pays a imposé six coupures d’Internet l’année précédente. Cela fait du Bangladesh le cinquième pays le plus touché par les coupures d’Internet en 2022, selon Access Now.
Le régulateur des télécommunications du pays s’était engagé à maintenir l’accès à Internet jusqu’aux élections générales au Bangladesh, au début de 2024, mais cette période électorale est désormais terminée. Malgré cet engagement, le Bangladesh a refusé de publier des sites d’information pendant ses élections.