Christopher Dummitt : Les députés libéraux ont le pouvoir de remplacer Trudeau, il leur suffit de l’accepter

Nous vivons dans une démocratie parlementaire de style britannique, dotée de mécanismes de responsabilité intégrés.

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Le Parti démocrate américain et le Parti libéral canadien ont tous deux le même problème : comment se débarrasser d’un leader qui devrait en savoir assez pour démissionner de lui-même ?

Personne ne sait si le président américain Joe Biden va se retirer. Mais les libéraux canadiens devraient avoir une solution simple : s’ils pouvaient seulement se rappeler que nous vivons dans une démocratie parlementaire de style britannique, ils pourraient se débarrasser de leur problème Justin Trudeau.

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Près de neuf ans après l’arrivée au pouvoir des libéraux, Trudeau a mené son parti si bas dans les sondages d’opinion que même Kim Campbell pourrait se sentir désolée pour lui. Après presque un an d’avance constante et croissante des conservateurs dans les sondages, tout parti politique sensé se chercherait un nouveau chef.

Il n’est pas certain qu’un changement à la tête du parti soit d’une grande aide, mais il devrait au moins être clair que la direction actuelle du parti est sous assistance respiratoire et qu’il est très peu probable qu’elle retrouve sa capacité à respirer par elle-même.

Ce processus devrait être simple, quoique vicieux. Les démocraties parlementaires comme le Canada se conforment au principe du gouvernement responsable. Le parti qui détient la majorité au Parlement gouverne. Et les partis décident qui parmi eux les dirigera. Si un chef ne fait pas l’affaire, les autres députés de ce parti peuvent choisir un remplaçant. C’est en tout cas la théorie.

Mais depuis des années, les partis politiques canadiens — et plus particulièrement les libéraux — semblent tenter de faire oublier aux Canadiens les origines britanniques de leur démocratie et d’édulcorer les mécanismes de responsabilisation, tout cela au nom du républicanisme à l’américaine.

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Tout a commencé en 1919, avec le premier congrès du parti qui a permis aux délégués de choisir un nouveau chef libéral. D’autres partis ont emboîté le pas. Les libéraux de l’après Michael Ignatieff sont allés encore plus loin, en accordant le droit de vote aux personnes qui pensaient seulement temporairement vouloir être associées au parti, comme si l’adhésion au parti était un fardeau trop lourd.

Tout cela semble démocratique à première vue. Pourtant, les effets sont lamentables.

Lorsque les dirigeants finissent par faire des erreurs ou par atteindre leur date limite de vente naturelle, les conséquences deviennent évidentes. Qui va leur dire de partir ? En théorie, et parfois en pratique, ce sont les membres du parti qui transmettent le message lors d’un congrès. Mais les congrès sont rares et les mécanismes de décision sur les points à l’ordre du jour sont facilement manipulables.

Dans une démocratie parlementaire, dans un gouvernement responsable, les décisions sont censées être prises par les membres du caucus parlementaire d’un parti. Après tout, ce sont eux qui représentent le peuple et le parti au Parlement, et qui ont pour tâche quotidienne de demander des comptes au gouvernement. Pourtant, les chefs peuvent maintenant dire qu’ils sont élus par tous les membres du parti et, dans le cas des libéraux, par les partisans du parti. Comment des députés « d’élite » pourraient-ils intervenir ?

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La victime de ce système, c’est la responsabilité. En faisant participer davantage de personnes au processus de sélection, on perd la possibilité de demander des comptes au chef du parti lorsqu’il commet une erreur.

Certains pays parviennent à conserver ces traditions. En Grande-Bretagne, les députés conservateurs choisissent leurs deux candidats les mieux classés et c’est seulement ensuite que les membres du parti peuvent voter. Mais le meilleur exemple de pouvoir parlementaire est l’Australie. Lorsque les dirigeants d’un parti commettent des erreurs en Australie, le groupe parlementaire du parti peut déclarer une « rupture de leadership » et voter pour nommer ou non un nouveau chef. Et c’est ce qu’ils font, des deux côtés de l’échiquier politique.

On entend souvent des appels à « démocratiser » ce processus, mais cela signifierait en pratique qu’un leader, une fois nommé, serait plus difficile à destituer. Il suffit de penser au parti travailliste britannique, qui a été coincé avec Jeremy Corbyn pendant bien trop longtemps. Le parti travailliste avait « démocratisé » son processus de sélection des dirigeants et s’est retrouvé avec quelqu’un qui était populaire parmi les militants du parti, mais qui n’avait pas le soutien de nombreux députés en exercice. Corbyn a été accusé d’avoir ruiné les chances du parti d’accéder au pouvoir.

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Dans le cas du Canada, nous sommes confrontés à un processus de longue haleine qui nous amène à oublier qui nous sommes, à tourner délibérément le dos aux origines britanniques de notre démocratie parlementaire. Au départ, cette démarche visait à apaiser les nationalistes québécois. Plus récemment, ce processus de négation de l’histoire a pris de l’ampleur.

Toute allusion à nos origines coloniales, surtout de manière positive, est interdite. Et pourtant, nous vivons dans une démocratie parlementaire de style britannique, qui intègre des mécanismes de responsabilisation. Si nous consacrions réellement du temps à enseigner et à commémorer cette histoire, au lieu de la nier, nous aurions peut-être une chance de nous comprendre nous-mêmes et de comprendre notre démocratie.

Tout cela est lié à la situation critique de tous ces pauvres députés libéraux qui s’inquiètent actuellement de savoir s’ils survivront aux prochaines élections. L’effacement de notre histoire nous éloigne de plus en plus des traditions qui pourraient résoudre le problème auquel ces députés libéraux sont confrontés.

Notre démocratie parlementaire est une institution qui fait preuve de transparence. Pourquoi tournerions-nous le dos à ce que le système est censé accomplir : demander des comptes aux dirigeants impopulaires ?

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Que vous aimiez ou détestiez Justin Trudeau en 2015, il devrait être clair pour presque tout le monde au pays aujourd’hui que ce n’est pas l’homme qui a la confiance du public canadien en ce moment. Le mécanisme qui permettra de le tenir responsable – de le démettre de ses fonctions – est là, sous nos yeux, si seulement un nombre suffisant de députés libéraux (et néo-démocrates) pouvaient le voir.

National Post

Christopher Dummitt est historien de la culture et de la politique canadiennes à l’Université Trent.

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