L’accessibilité, les impôts, les déficits, les dettes. Pour paraphraser un conseiller de Bill Clinton, c’est (presque toujours) l’économie, idiot, qui agace les électeurs du monde entier
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Partout, les gouvernements en place perdent la faveur d’électeurs en colère. En juin, les élections au Parlement européen ont vu une chute des voix des partis sortants dans presque tous les pays, à l’exception de l’Italie. En Inde, Narendra Modi a été réélu mais a perdu sa majorité et dirige désormais une coalition. Nos propres libéraux fédéraux, qui accusent un retard de 15 à 20 points sur les conservateurs depuis un an, ont subi une défaite surprise aux élections partielles dans un siège de Toronto qu’ils détenaient depuis trois décennies. Les démocrates américains, déjà en retard dans des États clés, sont dans tous leurs états après une performance épouvantable lors d’un débat qui a fait douter de l’aptitude du président Joe Biden à exercer ses fonctions.
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Cette semaine, les gouvernements britannique et français ressentent la colère. En misant sur des élections anticipées, le Premier ministre britannique Rishi Sunak n’a pas réussi, au cours de sept semaines de campagne, à entamer l’avance dominante du Parti travailliste. Le Parti réformiste de Nigel Farage, en pleine ascension, qui a critiqué le gouvernement de Sunak sur la politique d’immigration et la faiblesse de l’économie post-Brexit, est sorti de nulle part pour défier les conservateurs et les libéraux-démocrates au rôle d’opposition officielle.
Dimanche, nous verrons si le Rassemblement national, parti de droite dirigé par Marine Le Pen, remporte la majorité au second tour des élections législatives françaises. Au premier tour, il a remporté un tiers des voix sur un programme axé sur la réduction de l’immigration, la réduction du soutien à l’Ukraine et l’inversion de sa réputation antisémite en soutenant fortement Israël. Si le RN réussit, il forcera le président Emmanuel Macron à conclure un accord de « cohabitation » tendu, les pouvoirs présidentiels étant limités aux affaires étrangères. En désespoir de cause, Macron a conclu un accord avec une coalition socialiste pour se retirer dans les circonscriptions où il a de meilleures chances de battre le RN. Cependant, de nombreux partisans de Macron ne sont pas disposés à soutenir un parti socialiste antisémite, La France insoumise, qu’ils considèrent comme trop extrême.
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Quel est le point commun de toutes ces élections où les sortants perdent le pouvoir ? Une politique économique pourrie, à propos de laquelle on déplore quatre griefs principaux :
Inflation et accessibilité
Les électeurs se sont réjouis des mesures prises par les gouvernements pour éviter une dépression pendant la pandémie. Mais c’était une chose de combler le vide causé par le confinement et une autre de construire une montagne de subventions par-dessus, même si cela a augmenté les revenus des ménages. déficits publics de l’ensemble du gouvernement En 2020, les dépenses de santé ont atteint 13,9 % du PIB aux États-Unis, 13,1 % au Royaume-Uni et 10,9 % au Canada. La politique monétaire permettant de faire face aux dépenses excessives, l’inflation a grimpé en flèche. Les salaires n’ayant pas suivi l’inflation depuis 2020, l’accessibilité financière est devenue un enjeu majeur dans de nombreux pays, dont l’Inde.
Les électeurs fatigués se rendent compte qu’ils ne peuvent pas se permettre d’acheter des produits de première nécessité, notamment la nourriture et l’énergie, dont les prix ont grimpé en flèche. Les jeunes électeurs sont durement touchés par la hausse des prix de l’immobilier. Ratio prix/revenu Les ratios sont de 10,4 au Canada, de 9,1 au Royaume-Uni et de 11,2 en France. (Les États-Unis sont bien mieux lotis, à 3,2, en partie en raison de revenus plus élevés.) Pour aggraver les problèmes d’accessibilité, depuis 2017, les impôts ont augmenté plus rapidement que les revenus au Canada, en France et au Royaume-Uni (aux États-Unis, en revanche, les recettes sont restées constantes en pourcentage du PIB depuis 2017, en grande partie à cause de la réforme fiscale de Trump).
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Ralentissement de la croissance économique
Depuis 2017, la France, le Royaume-Uni et le Canada stagnent, avec pratiquement aucune augmentation cumulative du revenu réel par habitant revenu national brutLes États-Unis, avec une croissance cumulée de 9 %, s’en sortent mieux, mais sont loin de rivaliser avec l’Irlande, où le revenu réel a augmenté de 25 %. Les perspectives pour le reste de la décennie ne sont guère meilleures, car la mainmise du gouvernement freine la croissance de la productivité. Les électeurs résistent également à l’immigration incontrôlée, qui est devenue la principale source de croissance canadienne, le PIB par habitant ayant chuté. Mais cet afflux met à rude épreuve les services publics et contribue à l’inflation immobilière.
Politique industrielle et verte
L’époque où l’on comptait sur les marchés pour stimuler la croissance économique a laissé place à des politiques industrielles et commerciales mercantilistes. Les tensions géopolitiques en Europe, au Moyen-Orient et en Asie perturbent les échanges commerciaux et poussent les gouvernements à consacrer davantage de ressources aux armes plutôt qu’au beurre. La transition énergétique a donné lieu à une guerre mondiale des subventions favorisant les chaînes d’approvisionnement nationales. Après avoir injecté des fonds publics dans les produits manufacturés et énergétiques, les gouvernements imposent des barrières commerciales pour protéger leurs investissements. Cela permettra de préserver certains emplois nationaux, mais le déclin du commerce international ralentit la croissance mondiale et fait monter les prix sur le marché intérieur.
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Des déficits publics énormes et lourds
Au cours de leur débat, Joe Biden et Donald Trump se sont disputés pour savoir qui avait le plus creusé le déficit. Mais aucun des deux n’avait de plan pour faire face à l’augmentation des déficits et à l’énorme dette. La dette publique brute consolidée a atteint 123 % du PIB américain et devrait atteindre 134 % en 2030. Avec la hausse des taux d’intérêt, la volonté des démocrates de dépenser davantage et celle des républicains de réduire les impôts, la dette ne peut qu’augmenter, et avec elle le risque de stress financier. La dette publique brute est plus faible en France (112 % du PIB), au Canada (102 %) et au Royaume-Uni (04 %), mais les frais de la dette occupent une part croissante des budgets de ces pays, évinçant d’autres dépenses.
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Le fait que les gouvernements en place soient en difficulté ne devrait surprendre personne. Cette semaine, c’est le cas au Royaume-Uni et en France. Cet automne et l’année prochaine, cela pourrait se produire aux États-Unis et au Canada. Si vous faites des erreurs économiques, les électeurs vous punissent. Pour paraphraser James Carville, conseiller de Bill Clinton : c’est presque toujours l’économie qui est en cause, idiot.
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