Chinatown rencontre Ghost in the Shell dans le film d’animation de science-fiction Mars Express

Chinatown rencontre Ghost in the Shell dans le film d'animation de science-fiction Mars Express

La science-fiction a toujours été un genre fertile pour raconter des histoires tournant autour du mystère. Du classique de Ridley Scott Coureur de lame à l’anime de Mamoru Oshii de 1995 Fantôme dans la coquillescience-fiction et mystère vont de pair aussi parfaitement que la main d’un coupable dans un gant taché de sang. Mars-Expressle premier long métrage du réalisateur-animateur français Jérémie Périn, est une nouvelle preuve de ce lien, en reprenant les éléments de base d’un quartier chinois-une histoire sur une personne disparue et une conspiration mortelle, et qui les répète dans le monde lointain de l’espace colonisé rempli de machines sensibles et d’une technologie de pointe.

Se déroulant au 23ème siècle, le film suit Aline Ruby et Carlos Rivera, deux détectives privés envoyés sur Terre pour faire venir un hacker accusé d’avoir jailbreaké des robots, les libérant ainsi des garanties créées pour les garder dociles et soumis aux humains. Lorsque leur enquête aboutit à une impasse inattendue, Aline et Carlos acceptent une autre affaire, celle-ci concernant une étudiante qui a mystérieusement disparu après que sa colocataire ait été assassinée dans leur dortoir. À la manière du véritable noir, les deux hommes découvrent progressivement que les deux cas apparemment distincts sont non seulement en fait profondément liés, mais pertinents pour un complot qui menace les fondements de la société homme-robot.

Image : Tout le monde sur le pont/GKIDS

Depuis la fin des années 2000, Périn s’est imposé comme l’un des réalisateurs les plus créatifs et les plus repoussants de l’animation française grâce à son travail sur des spectacles dont Dernier hommela courte série comique animée Merci Satan, et des vidéoclips NSFW pour des artistes comme Flaming Lips, DyE et Flairs. Avec Mars-Express, Périn s’appuie entièrement sur ses sensibilités et son esthétique inspirées de l’anime pour créer un univers cyberpunk mature, ancré et soigneusement imaginé, rempli de personnages louches, de vues métropolitaines éblouissantes et de séquences d’action électrisantes. Ce n’est pas seulement un thriller de science-fiction divertissant, c’est une réflexion réfléchie sur l’avenir du travail humain, l’obsolescence programmée et le potentiel inquiétant de la singularité technologique.

Fans de 2023 Le règne des charognards je vibrerai sans aucun doute avec Mars-Express‘ Direction artistique. Même si le film est loin d’être Le règne des charognardsThriller de survie axé sur l’écologie, le film de Périn et la série animée de Joe Bennett et Charles Huettner partagent un point de contact commun dans la conception de leurs personnages et leurs environnements influencés par la ligne claire. Mars-ExpressLa vision d’un futur lointain est fortement redevable à notre présent, avec l’architecture moderniste de Zaha Hadid de la capitale de Mars, Noctis, juxtaposée à l’étalement urbain étouffé par la pollution de la Terre.

Une femme en imperméable jaune marchant dans une rue éclairée au néon dans une ville futuriste de Mars Express.

Image : Tout le monde sur le pont/GKIDS

L’attention portée aux détails consacrée à la construction du monde du film s’étend également à ses nombreux personnages androïdes, chacun avec son propre design et sa propre personnalité. La comparaison avec Le règne des charognards n’est pas arbitraire : Jonathan Djob Nkondo, qui a travaillé comme artiste de personnages et concepteur sur cette série, a également contribué à la conception de robots pour Mars-Express.

Les protagonistes du film sont convaincants et charismatiques, mais ils reflètent également les intentions des cinéastes de créer un mystère de science-fiction noir qui fait avancer le genre. Aline Ruby est un désordre sympathique d’une manière inhabituelle pour les personnages féminins animés. Alcoolique en convalescence avec un sens de l’humour impassible et un dévouement acharné à son travail, Aline respire la solitude et le désir de connexion humaine d’une manière qui la rend fascinante à regarder.

Un robot avec une tête holographique et un bras rouge pointe vers un écran à côté d'une femme aux cheveux blonds en trench-coat dans un véhicule futuriste dans Mars Express.

Image : Tout le monde sur le pont/GKIDS

Le même attrait est égalé, voire carrément éclipsé, par son partenaire Carlos, ne serait-ce que parce qu’il est la conscience ressuscitée de son partenaire décédé, préservée de manière holographique dans un corps androïde. Carlos est, à toutes fins utiles, toujours Carlos, mais sa nouvelle vie en tant qu’entité cybernétique complique son existence matérielle et ses droits dans la société humain/robot, ainsi que son sentiment général d’identité. Éloigné de son ex-femme et tenaillé par des incertitudes quant à sa place dans le monde, Carlos joue un rôle essentiel en ancrant la compréhension du public sur Mars-Express‘Thèmes et idées.

Mars-Express est le rare exemple d’un long métrage d’animation qui mérite d’être revu presque immédiatement une fois terminé, ne serait-ce que pour apprécier le savoir-faire de sa présentation. Il s’agit d’une histoire de science-fiction à plusieurs niveaux, légère en noms propres, mais riche en sous-textes. Il se déroule dans un monde qui ne raconte pas grand-chose mais montre la profondeur de son récit et de sa construction du monde, en faisant confiance à son public pour y prêter une attention particulière et relier les points aux côtés des personnages du film. En bref, c’est un exemple rare d’animation « pour adultes » qui traite son public comme des adultes, et son exécution élève ses prémisses jusqu’à ce qu’elle s’impose avec confiance comme l’un des meilleurs longs métrages d’animation de l’année.

Mars-Express s’ouvre dans certains cinémas dans tout le pays le 3 mai.

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