L’impôt qu’Ottawa impose actuellement n’est pas celui que préconise la science économique. Pour le devenir, il doit être réformé de plusieurs manières importantes
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Le 1er avril, la taxe fédérale sur le carbone est passée de 65 dollars par tonne d’émissions à 80 dollars. D’autres augmentations prévues le porteront à 170 dollars la tonne d’ici 2030. Il est largement reconnu que les taxes sur le carbone constituent le moyen le plus efficace de réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES). Notre propre 2021 étude du Fraser Institute a conclu que la taxe sur le carbone de 170 $ réduirait les émissions de 25,6 pour cent par rapport à un scénario sans taxe.
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Mais la conception de la taxe carbone est cruciale. Pour être rentable, il doit remplir certaines conditions. Le projet actuel de taxe sur le carbone du gouvernement fédéral contient de graves défauts de conception qui nuiront inutilement à l’économie canadienne, qui souffre déjà après une décennie de stagnation. Nous pensons qu’Ottawa devrait réformer la taxe sur le carbone pour réduire ses impacts économiques négatifs. Les appels à « supprimer la taxe » sont compréhensibles, mais s’ils impliquent de la remplacer par des mesures réglementaires ou des subventions plus coûteuses et moins flexibles, cela ne fera qu’empirer les choses.
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Nous pensons que six changements importants sont nécessaires.
1. La taxe sur le carbone devrait être la seule politique du Canada en matière de carbone. Pour qu’une taxe carbone soit efficace, elle doit remplacer, et non compléter, les réglementations et mandats existants liés aux GES. Mais le gouvernement fédéral a simplement superposé la taxe sur le carbone à de multiples réglementations, subventions et mandats spécifiques à certains secteurs, notamment des plafonds d’émissions de GES pour l’industrie pétrolière et gazière, des mandats pour les véhicules électriques et l’interdiction des navires-citernes. Les politiques existantes liées aux GES sapent la logique économique de la taxe carbone. Pour rétablir cette logique et améliorer la rentabilité de la taxe, le gouvernement devrait abroger ces autres mesures.
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2. La taxe carbone devrait être véritablement neutre en termes de revenus. Pour minimiser davantage les dommages économiques causés par la taxe carbone, elle doit être « neutre en termes de revenus », ce qui signifie que le gouvernement devrait restituer toutes les recettes de la taxe carbone aux contribuables plutôt que d’en utiliser une partie pour financer les dépenses publiques. Ces réductions devraient inclure les centaines de millions de dollars de TPS qu’Ottawa associe chaque année à la taxe sur le carbone.
La littérature économique montre que le recyclage des recettes de la taxe carbone via des remises forfaitaires aux ménages est moins bénéfique que la réduction d’autres taxes. Dans un scénario idéal, le gouvernement atteindrait la neutralité sur le plan des recettes en réduisant les taux d’imposition généralisés sur le revenu des sociétés et des particuliers partout où les systèmes de tarification provinciaux le permettent.
3. La taxe carbone devrait refléter le coût social du carbone. Quel devrait être le montant de la taxe carbone ? Ce niveau devrait refléter le « coût social du carbone » (CSC), qui correspond aux dommages globaux estimés d’une tonne supplémentaire d’émissions de CO2, exprimés en termes monétaires. Il existe, comme on pouvait s’y attendre, de nombreuses estimations du CSC, allant de petits montants négatifs (ce qui suggère qu’il pourrait en fait y avoir des avantages nets liés aux émissions supplémentaires) à plusieurs milliers de dollars par tonne. La grande variation des estimations résulte de variations dans quelques hypothèses de modélisation clés, notamment le taux d’actualisation utilisé pour évaluer les coûts et avantages futurs, ainsi que les estimations de la « sensibilité climatique » – le réchauffement attendu du doublement de la quantité de CO2 dans l’atmosphère.
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Le gouvernement fédéral a mis à jour son estimation du CSC en 2022, la portant à cinq fois l’estimation précédente du coût par tonne d’émissions du Canada. Mais ces estimations élevées reposent sur des hypothèses erronées et irréalistes concernant la sensibilité du climat et l’impact du changement climatique sur la productivité agricole et les coûts de mortalité. Le gouvernement doit revoir le CSC révisé et fixer un prix du carbone basé sur des hypothèses plus raisonnables.
4. La taxe carbone doit refléter le véritable coût marginal des ressources publiques. Toute taxe, y compris toute taxe sur le carbone, va nuire à l’activité économique, surtout lorsqu’elle est appliquée parallèlement aux impôts existants sur le revenu des particuliers et des sociétés, sur les ventes au détail, etc. Une taxe carbone optimale devrait donc correspondre au coût social du carbone dégonflé par « le coût marginal des fonds publics », qui mesure le fardeau économique total des taxes.
Selon des estimations récentes, en 2021, le coût marginal des fonds publics était de 2,86 dollars par dollar collecté grâce à l’impôt sur le revenu des particuliers et de 2,02 dollars par dollar collecté grâce à l’impôt fédéral sur le revenu des sociétés. En supposant une estimation prudente de 2 dollars pour le coût marginal national global des fonds publics, la taxe carbone optimale devrait représenter environ la moitié du coût social estimé du carbone.
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5. La taxe carbone devrait s’appliquer à la base d’activité économique la plus large possible. Cela signifie taxer tous les émissions potentielles de GES de tous les types de combustibles et de tous les utilisateurs au même rythme, quelle que soit l’origine ou le mode de production. La taxe fédérale sur le carbone s’écarte actuellement de l’égalité de traitement de deux manières principales.
Premièrement, le Québec est exonéré de la taxe fédérale parce qu’il gère son propre système de permis d’émission négociables, en collaboration avec la Californie. Mais le prix de règlement de ces permis est bien inférieur au prix fédéral du carbone. Deuxièmement, à la fin de l’année dernière, le gouvernement fédéral a cédé aux pressions politiques et a accordé au mazout, principalement utilisé dans les provinces de l’Atlantique, une exonération de trois ans de la taxe sur le carbone.
Pour résoudre le premier problème, le gouvernement fédéral pourrait créer une règle d’uniformité en exigeant, par exemple, que le prix national du carbone soit égal au prix le plus bas actuellement en vigueur dans toute juridiction canadienne appliquant un système de tarification du carbone que les lignes directrices fédérales jugent acceptable. Cette « règle du plus petit dénominateur commun » empêcherait toute juridiction canadienne d’obtenir un avantage injuste dans le commerce intérieur.
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Pour résoudre le deuxième problème, le gouvernement devrait décider de ne pas créer de nouvelles exemptions fiscales pour des raisons politiques et de supprimer celles qui sont en place. Si le prix du carbone reflète véritablement le véritable coût social du carbone, il n’y a tout simplement aucune raison d’exonérer certains carburants et pas d’autres. Toute crainte selon laquelle la taxe pourrait toucher de manière disproportionnée les ménages à faible revenu peut être résolue grâce à des mécanismes de recyclage des revenus.
6. La taxe carbone ne peut pas ignorer l’état de la politique carbone américaine. La taxe sur le carbone menace la compétitivité des industries canadiennes à forte intensité d’émissions et fortement exposées au commerce international. Comme les États-Unis ne disposent pas d’un régime national de tarification du carbone, cela constitue particulièrement un problème pour les producteurs en concurrence sur le marché américain, destination de la grande majorité de nos exportations. Les « mécanismes d’ajustement carbone aux frontières » – les droits de douane sur les importations à forte intensité de carbone – sont une façon de résoudre ce problème, même s’ils devraient être soigneusement évalués pour voir s’ils rapporteraient en fait des avantages nets au Canada ou s’ils fourniraient plutôt des avantages injustifiés et anti-économiques. -une protection concurrentielle pour des industries canadiennes données.
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Pour résumer notre argumentation, selon les connaissances scientifiques actuelles, les émissions de GES constituent une externalité négative générée par la production et la consommation de combustibles fossiles. Une taxe carbone est le moyen le plus flexible et le plus rentable de poursuivre les objectifs climatiques de la société. Le gouvernement fédéral devrait remédier aux lacunes de son plan de taxe sur le carbone et réduire son coût économique. En revanche, abroger la taxe carbone tout en tentant d’obtenir des réductions équivalentes des émissions de CO2 nécessiterait des mesures plus coûteuses telles que des réglementations, des subventions et des allègements fiscaux, qui peuvent être moins visibles qu’une taxe carbone mais sont en fait plus coûteuses sur le plan économique et ne seraient donc pas efficaces. servir les meilleurs intérêts des Canadiens.
Ross McKitrick, professeur d’économie à l’Université de Guelph, est chercheur principal à l’Institut Fraser, où Elmira Aliakbari est directrice du Centre des ressources naturelles.
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