jeIl est facile de rejeter les livres d’auto-assistance et ceux qui les lisent. Mais non seulement nous avons besoin d’une auto-assistance sérieuse, nous devons également prendre l’auto-assistance plus au sérieux. Évalué à 11 milliards de dollars (8 milliards de livres sterling) dans le monde, l’auto-assistance est une industrie mondiale majeure. Il reflète et génère à la fois nombre de nos idées dominantes sur nous-mêmes et sur les cultures dans lesquelles nous vivons. L’industrie de l’auto-assistance cherche non seulement à façonner la façon dont nous pensons, ressentons et agissons, mais fournit également bon nombre des métaphores de base sur lesquelles nous nous appuyons pour parler de notre vie intérieure. Beaucoup de ces métaphores, notamment celle de l’esprit en tant qu’ordinateur qui pourrait nécessiter une reprogrammation, sont au mieux inutiles.
Les critiques de l’auto-assistance croient que sa popularité actuelle fait partie d’un impératif néolibéral omniprésent pour maximiser l’efficacité. Ils y voient un sinistre complot visant à rejeter sur nous-mêmes toute la responsabilité de notre bien-être. L’auto-assistance, pensent-ils, présente tous nos problèmes comme personnels et nos échecs comme dus à un manque de volonté et de résilience, alors qu’ils sont en fait causés par la politique du capitalisme. Mais bien que cela puisse être vrai pour une certaine auto-assistance, l’idée de s’améliorer a une longue et riche histoire, remontant aux anciennes traditions de sagesse. Le désir de s’améliorer est lié à notre besoin de connaissance de soi, de maîtrise et de transformation. C’est un désir intemporel et une partie essentielle de ce qui nous rend humains.
Et certaines publications sur le développement personnel peuvent vraiment nous aider à devenir de meilleures personnes. Je veux dire mieux non pas dans un sens compétitif mais dans un sens éthique : le moi amélioré est plus capable de diriger son attention vers l’extérieur, vers des projets, d’autres personnes et les communautés dont nous faisons partie.
1. Méditations de Marc Aurèle
L’empereur romain et philosophe stoïcien Marc Aurèle (121-180 ap. J.-C.) croyait que toute souffrance était dans notre esprit. La souffrance n’est pas causée par des événements extérieurs mais par nos réactions à ces événements – par des jugements erronés et des attentes irréalistes. Étant donné que la plupart des événements extérieurs sont hors de notre contrôle, Aurelius soutient dans ses Méditations qu’il est inutile de s’en soucier. Nos évaluations de ces événements, en revanche, sont entièrement sous notre contrôle. Il s’ensuit que toutes nos énergies mentales doivent être dirigées vers l’intérieur, en vue de contrôler nos esprits. La clé d’une vie heureuse réside donc dans l’ajustement de nos attentes, car « seul un fou cherche des figues en hiver ».
2. Se sentir bien : la nouvelle thérapie de l’humeur par David D Burns (1980)
La science qui sous-tend le livre de Burns n’est peut-être plus à la pointe de la technologie, mais son message principal reste extrêmement pertinent. Une version plus terre-à-terre du stoïcisme, il est basé sur les prémisses de la thérapie cognitivo-comportementale (TCC). Feeling Good illustre comment nos sentiments sont façonnés par nos pensées et contient d’excellentes techniques pour entraîner notre esprit à remettre en question les pensées négatives sur nous-mêmes et sur les autres.
3. Le piège du bonheur de Russ Harris (2007)
Nous ne sommes bien sûr pas des créatures purement rationnelles. Parfois, nos tentatives pour contrôler nos pensées peuvent devenir contre-productives. Ici, le psychologue australien Harris explique les principes de la thérapie d’acceptation et d’engagement (ACT). Il nous invite à ne pas essayer de contrôler nos pensées négatives ou nos sentiments inconfortables, mais simplement à les désamorcer, à les accepter puis à les laisser partir. De cette façon, nous avons plus d’énergie pour nous engager dans une action fondée sur des valeurs.
4. Tao Te Ching par Lao Tzu
L’auto-culture spirituelle à travers l’art de lâcher prise est le thème central du Tao Te Ching (l’étude classique de « La Voie et la Vertu », généralement datée du VIe ou IVe siècle avant JC). Dans le taoïsme, le lâcher prise est centré sur l’idée de n’offrir aucune résistance à l’ordre naturel des choses. Il promeut une forme sophistiquée de soumission de notre volonté aux forces cosmiques, en acceptant ce qui est et en desserrant nos attachements à nos désirs et attentes de résultats spécifiques. Le Tao suggère que nous pouvons nous améliorer en revenant à un mode de vie plus simple, plus authentique et plus intuitif. Un concept clé est wu wei – « non-action » ou « action sans effort ». Wu wei peut peut-être mieux être décrit comme un état spirituel marqué par l’acceptation de ce qui est et l’absence de désirs égoïstes.
5. Le pouvoir du présent : un guide pour l’éveil spirituel par Eckhart Tolle (1998)
Nous ne sommes pas nos pensées, soutient Tolle dans ce livre à succès. La plupart de nos pensées, écrit Tolle, tournent autour du passé ou du futur. Notre passé nous fournit une identité, tandis que l’avenir détient « la promesse du salut ». Les deux sont des illusions, car le moment présent est tout ce que nous avons vraiment. Nous devons donc apprendre à être présents en tant que « observateurs » de nos esprits, témoins de nos schémas de pensée plutôt que de nous identifier à eux. De cette façon, nous pouvons réapprendre à vivre vraiment dans le présent.
6. Altruisme : la science et la psychologie de la gentillesse par Matthieu Ricard (2015)
Dans de nombreuses théologies et traditions de sagesse, l’altruisme est la valeur morale et spirituelle la plus élevée. Plus récemment, des psychologues ont montré que les actes altruistes profitent non seulement à celui qui les reçoit, mais conduisent également ceux qui les accomplissent à être plus heureux. De plus, la pratique de l’altruisme, soutient le moine bouddhiste français Ricard, est la clé non seulement de notre bonheur personnel, mais aussi de la résolution de nos problèmes sociaux, économiques et environnementaux les plus urgents. L’altruisme nous permet « pour relier harmonieusement les enjeux de l’économie à court terme, de la qualité de vie à moyen terme, et de notre environnement futur à long terme ».
sept. Walden par Henry David Thoreau (1854)
Le philosophe transcendantaliste américain Thoreau s’est retiré dans une cabane dans les bois près de Walden Pond, à Concord, dans le Massachusetts, où il a cherché à vivre simplement et « délibérément ». C’est là qu’il a développé la notion intrigante de « coût de la vie » – l’antidote parfait au matérialisme irréfléchi et à l’éthique de travail protestante toxique à laquelle tant d’entre nous sont encore esclaves. La plupart d’entre nous trouvent normal d’échanger notre vie contre des biens, croyant que la productivité et le succès sont des signes séculaires de grâce. Thoreau considérait le travail rémunéré comme un mal nécessaire auquel il fallait consacrer le moins de temps possible. Son objectif n’était pas de travailler une seule minute de plus que nécessaire pour couvrir ses dépenses de subsistance les plus élémentaires, et de passer tout son temps restant à faire ce qu’il chérissait vraiment.
8. Grit par Angela Duckworth (2017)
Selon la psychologue Angela Duckworth, le grain surpasse le talent à chaque fois. C’est de la musique aux oreilles de toute personne encline à s’identifier à la tortue lourde d’Ésope plutôt qu’au lièvre rapide et sans effort. « Notre potentiel est une chose. Ce que nous en faisons en est une autre », écrit-elle. Ici, le grain est une motivation pour améliorer à la fois nos compétences et nos performances par un effort constant. Les gens sérieux sont toujours avides d’apprendre et sont animés par une passion durable. Ils apprennent de leurs erreurs, ont une direction et vivent des vies plus cohérentes.
9. La Divine Comédie de Dante Alighieri (1308–21)
Ce poème du XIVe siècle raconte le dépassement progressif de la lassitude spirituelle de Dante d’âge moyen et épuisé. Guidé par son mentor Virgile, il voyage de l’enfer au paradis, où il retrouve finalement sa bien-aimée Béatrice. L’épopée peut être lue comme un récit chrétien édifiant ou comme un fantasme de vengeance prolongé dans lequel de nombreux ennemis personnels de Dante obtiennent leur horrible apparition. Mais nous pouvons aussi le lire comme une histoire archétypale de croissance spirituelle et de dépassement de soi. Le douteux Dante est systématiquement rééduqué par ses nombreuses rencontres en Enfer, au Purgatoire et au Ciel. Les habitants de l’Enfer lui montrent comment ne pas vivre sa vie, et les coûts de leurs mauvais choix. A la fin, purgé de ses propres faiblesses, Dante atteint un plan spirituel supérieur et aperçoit le divin.
dix. L’épopée de Gilgamesh (vers 2100-1200 avant notre ère)
Presque toutes les formes d’amélioration de soi ressemblent à un récit de quête ou à un voyage héroïque. De tels récits montrent le héros ou l’héroïne s’aventurant dans l’inconnu – un bois sombre, un royaume souterrain ou le ventre d’une bête. Là, ils rencontrent des obstacles et doivent souvent se battre avec un ennemi ou une tentation. Ayant surmonté ces défis, ils reviennent de leurs aventures transformés et prêts à partager ce qu’ils ont appris pour aider les autres. Le plus ancien récit survivant de ce genre raconte comment le roi mésopotamien Gilgamesh, autrefois égoïste, revient du désert avec la plante de la vie éternelle. Plutôt que de le manger lui-même, il partage sa bénédiction avec son peuple.