لو أبصرت ثلاثة أيام par Helen Keller


Helen Keller ne serait pas liée par des conditions. Rendue sourde et aveugle à 19 mois à cause de la scarlatine, elle apprit à lire (en plusieurs langues) et même à parler, pour finalement obtenir son diplôme avec mention du Radcliffe College en 1904, où, en tant qu’étudiante, elle écrivit L’histoire de ma vie. Qu’elle ait accompli tout cela à une époque où peu de femmes fréquentaient l’université et où les handicapés étaient souvent relégués à l’arrière-plan, dont on ne parle qu’à voix basse, est remarquable. Mais les nombreuses autres réalisations de Keller sont impressionnantes à tous points de vue : elle a écrit 13 livres, écrit d’innombrables articles et consacré sa vie à la réforme sociale. Suffragette active et efficace, pacifiste et socialiste (cette dernière association lui a valu un dossier du FBI), elle a donné des conférences au nom des personnes handicapées partout. Elle a également aidé à démarrer plusieurs fondations qui continuent d’améliorer la vie des sourds et des aveugles dans le monde.

En tant que jeune fille, Keller était obstinée, sujette à des accès de violence et bouillonnant de rage face à son incapacité à s’exprimer. Mais à l’âge de 7 ans, cet enfant sauvage s’est transformé lorsque, sous l’impulsion d’Alexander Graham Bell, Anne Sullivan est devenue son professeur, un événement qu’elle déclare « le jour le plus important dont je me souvienne de toute ma vie ». (Sullivan elle-même avait déjà été aveugle, mais a partiellement recouvré la vue après une série d’opérations.) Dans un passage mémorable, Keller écrit à propos du jour où « Teacher » l’a conduite à un ruisseau et a épelé à plusieurs reprises les lettres l’eau sur une de ses mains tout en versant de l’eau sur l’autre. Cette méthode fut une révélation : « Ce monde vivant a éveillé mon âme, lui a donné la lumière, l’espoir, la joie, l’a libérée ! Il y avait encore des barrières, il est vrai, mais des barrières qui pourraient à terme être balayées. Et, en effet, la plupart d’entre eux l’étaient.

Dans son autobiographie amoureusement conçue et profondément perspicace, l’esprit joyeux de Keller s’exprime le plus vivement dans son lien avec la nature :

En effet, tout ce qui pouvait bourdonner, ou bourdonner, ou chanter, ou fleurir, a eu une part dans mon éducation… Peu savent quelle joie c’est de sentir les roses se presser doucement dans la main, ou le beau mouvement des lis ils se balancent dans la brise matinale. Parfois j’attrapais un insecte dans la fleur que je cueillais, et je sentais le bruit faible d’une paire d’ailes frottées l’une contre l’autre dans une terreur soudaine…

L’idée de ressentir plutôt que d’entendre un son, ou d’admirer le mouvement d’une fleur plutôt que sa couleur, évoque une forte sensation viscérale chez le lecteur, donnant L’histoire de ma vie une puissance et une beauté subtiles. La célébration de la découverte de Keller devient la nôtre. Au final, cette femme aveugle et sourde réussit à aiguiser nos yeux et nos oreilles à la beauté du monde. –Shawn Carkonen



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